État des métadonnées des images dans les sites d'information - mise à jour 2019

L'année dernière, Imatag a publié la première étude sur la présence de métadonnées, y compris le crédit et le droit d'auteur, dans les images utilisées par les éditeurs de journaux sur leurs sites web.

La conclusion, bien que prévisible, est assez alarmante : une majorité (97%) des images publiées sur Internet sont dépourvues de leurs métadonnées de crédit, ce qui compromet tout rapprochement entre une image réutilisée en dehors de son contexte d'origine (une page web) et sa source, son auteur ou son titulaire de droits.

Notre rapport a mis en évidence la négligence des éditeurs à conserver ces données d'identification attachées au fichier image, alors qu'une simple spécification technique à leur fournisseur CMS pourrait sauver le crédit de la purge causée par la compression de l'image.

#1 Focus 2019 : sites de presse

Voici une mise à jour de ces statistiques. Les sites des mêmes éditeurs qu'en 2018 ont été visités par nos robots, cette fois en privilégiant l'étude des images affichées sur la page d'accueil du site et sur les pages des articles complets liées depuis cette page. L'observation a été réalisée sur la période de mai 2019, sur un échantillon de 36 sites de presse française et internationale, représentant 100 000 images (avec un minimum de 1 000 photos par site).

#2 Seuls 5 sites ont plus de 50% d'images avec crédit

Les éditeurs ayant un taux élevé de métadonnées de crédit ont un CMS conçu pour les garder "vivantes" (c'est-à-dire pour ne pas les supprimer). Très peu sont dans ce cas : le Spiegel en est le meilleur exemple.

#3 5 autres ont de bonnes intentions mais aussi quelques charlatans

Ceux qui se situent entre 30 et 50 % peuvent avoir des comportements étranges lorsqu'ils regardent certains détails.

Par exemple, Politico, lorsqu'il est analysé par nos robots, fournit des images créditées par défaut. Cependant, si en tant qu'utilisateur humain vous naviguez sur leur site, les images qui s'afficheront pour vous seront redimensionnées pour s'adapter au profil de votre appareil (taille et résolution de l'écran, réseau). Ces images redimensionnées, hélas, n'ont pas de métadonnées...

Autre exemple : Le Figaro. Cette année, nous avons modifié notre algorithme pour qu'il se concentre uniquement sur les champs de crédit photo. Nous avons découvert que certains crédits manquaient alors que les images avaient des métadonnées : en fait, le problème était que le champ "owner" était rempli au lieu du champ "credit". Pas au bon endroit, donc ...

#4 En dessous de 30%, l'éditeur ne s'en préoccupe pas vraiment

Moins de 30 % peuvent avoir des métadonnées "par accident", ce qui signifie que le CMS ne les efface pas, mais qu'elles ont probablement disparu avant, au cours du processus d'édition.

#5 La majorité des sites clarifient les métadonnées de manière systématique

Au final, la majorité d'entre eux ont des métadonnées de crédit proches de 0 %. Que ce soit par négligence au niveau de l'éditeur de presse, de ses rédacteurs ou de ses fournisseurs d'images, c'est la responsabilité collective de toute la chaîne qui est engagée, et cela aura beaucoup plus de conséquences maintenant qu'une loi a été votée par le Parlement européen pour récompenser les contributeurs aux flux d'information exploités par les plateformes GAFA.

Sans preuve que les contenus relayés par Facebook ou Google News sont les vôtres, pas de droits voisins ! C'est exactement pour cela que les métadonnées ont été conçues : pour signer vos productions visuelles.

#6 Palmares des agences photographiques, une nouvelle donnée exclusive Imatag

Pour démontrer l'utilité des métadonnées de crédit, Imatag a identifié dans les 3% d'images du web qui contiennent encore un crédit celles qui contiennent le nom d'une agence photographique.

Ensuite, par agence, le nombre de sites web sur lesquels ses images ont été trouvées a permis de les classer entre eux. Cela leur donne une bonne idée de la couverture globale.

La suprématie de Getty Images dans ce domaine n'était pas à prouver, elle est simplement flagrante dans cette étude. Vient ensuite le trio AFP, REUTERS, AP, à parts relativement égales. Puis d'autres fils de presse se succèdent, leur rang dépendant de leur volume de production et de l'étendue de leur couverture géographique.

Ce qu'il faut retenir de cette étude

Pour faire valoir leurs droits d'auteur et leurs droits voisins, tous les acteurs de la chaîne de production et de diffusion des images doivent se mobiliser pour sauvegarder les métadonnées des images destinées à identifier les titulaires de droits.

Pour pallier l'effacement ou la falsification de ces données inévitables, il est également nécessaire de doter l'industrie de la presse d'un registre de contenu unique et sécurisé, permettant l'enregistrement des contenus produits et diffusés par les éditeurs, et la consultation de ces contenus par les plateformes pour en vérifier les droits (copyright) ou en évaluer la véracité (fake news).